Les prix des terres d’élevage reculent, l’urbanisation augmente


03

Juin

2019

L’écart entre les prix des terres agricoles destinées à la culture et celles vouées à l’élevage est au plus haut depuis 1997, indique le bilan annuel de la FnSafer. L’urbanisation repart elle aussi à la hausse.

 

La Fédération nationale des Safer (FnSafer) a décelé en 2018 une « vive activité sur le marché foncier rural », avec une hausse de 4% des transactions enregistrées, de 5,5% des surfaces cédées, et de 7,7% de leur valeur, a indiqué Loic Jegouzo, ingénieur d’étude à la FnSafer à Paris, lors d’une conférence de presse le 23 mai. Mais si le nombre et la valeur des transactions sont au plus haut, l’écart entre grandes cultures et élevage « n’a jamais été aussi haut depuis 1997 », a indiqué M. Jegouzo.

 

Le prix moyen s’est élevé à 7.540 euros l’hectare en zones de cultures (+1,8%) et à 4.580 euros par hectare (-2%) pour les terres d’élevage. « Il y a une très forte demande pour les terres céréalières avec une tension sur les prix et des difficultés à trouver des repreneurs sur les terres d’élevage », a ajouté M. Jegouzo. « On discerne même une baisse de la surface agricole utile française dédiée à l’élevage au profit des sols cultivés », a-t-il dit. De plus en plus d’exploitants, lorsque le sol le leur permet, abandonnent l’élevage, surtout bovin, pour se consacrer à la culture, ce qui peut poser un problème de diminution des surfaces de prairies permanentes, lesquelles sont jugées très bonnes pour stocker le carbone des sols.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vigne : prix en hausse, échanges en baisse

 

En viticulture, le nombre de transactions foncières a baissé de 7,5% par rapport à 2017, les surfaces cédées ont baissé de 0,4% et le montant total a reculé de 31%, à 844 millions d’euros. Les chiffres en recul dans la viticulture sont à relativiser, car ils se comparent avec une année 2017 exceptionnelle marquée par une dizaine de transactions record à plus de 10 millions d’euros, notamment en Bourgogne. En 2018, elles n’étaient « qu’au nombre de deux », a dit M. Jegouzo.

 

« En parallèle du marché foncier, se développe un marché des parts de société qui devrait se développer à l’avenir » a-t-il ajouté. L’an passé, ce sont surtout les prix des vignes AOP qui ont progressé de 2,4% en moyenne, tirés par les bassins Bordeaux-Aquuitaine (+6,8%), et Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura (+2,9%), « où les appellations prestigieuses s’apprécient d’année en année ».

 

 

L’urbanisation progresse

 

En moyenne, 55.000 hectares de terres agricoles changent d’usage chaque année, utilisés pour l’habitat, les zones commerciales ou les infrastructures de transport, a indiqué Emmanuel Hyest, président de la FnSafer. « Il y a de plus en plus de prises de conscience qu’il faut absolument protéger le foncier agricole, mais beaucoup d’élus pensent encore que le développement passe par une consommation de terres agricoles et de la construction », a ajouté M. Hyest en rappelant que la France avait perdu « 4 à 5 millions d’hectares de terres agricoles en 40 ans ».

 

« Il faut imaginer un nouveau modèle de développement urbain, en utilisant des friches industrielles, commerciales ou d’habitat pour reconstruire, tout en arrêtant d’empiéter sur les terres agricoles », a-t-il ajouté. Le bilan annuel de la FnSafer alerte sur le fait que « les politiques de préservation des espaces naturels et agricoles sont inefficaces pour contenir l’extension urbaine, qui repart à la hausse ». 

 

Article proposé par www.pleinchamp.com

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